Zaynab Ghaïs-Mortada s’intéresse au concept d’impermanence à travers la photographie, les installations, le collage et le dessin. Contemplatives, ses œuvres documentent en délicatesse le quotidien des êtres vivants qui l’entourent. Au moyen d’assemblages de photos, Zaynab Ghaïs-Mortada crée un mariage subtil entre les corps et les éléments végétaux, comme les fleurs qui se trouvent au centre de sa pratique. Une attention particulière est ainsi prêtée aux histoires que les corps racontent, à leur usure ou à la texture de leur peau.

Ilal abad إلى الأبد (Pour l’éternité) est une exploration sensible et poétique de l’intime, articulée autour de lieux, d’objets, de gens et d’histoires, dont les sujets lui sont proches. Zaynab Ghaïs-Mortada s’interroge sur le sens politique de l’image et de la représentation, en plus du rôle du médium photographique comme support de la mémoire et outil de construction identitaire. Plusieurs photographies au cœur de ce projet sont des images furtives. Dépourvues de sujet définitif, elles témoignent timidement d’une présence absente au regard et invitent à un regard attentif. On y trouve des images d’objets personnels, de plantes ou de lieux familiers. Ce sont des portraits discrets, c’est-à-dire qu’ils montrent les sujets souvent de manière détournée pour préserver leur intimité.

Les projets de Zaynab Ghaïs-Mortada donnent lieu à des séries de collages rassemblant des clichés saisis au cours des 16 dernières années. En dehors de sa production artistique, Zaynab Ghaïs-Mortada exerce le métier d’agricultrice tout en travaillant comme chercheuse à l’Institut F, un organisme à but non lucratif qui vise à promouvoir l’épanouissement des femmes musulmanes au Québec. Aussi affiliée au département de philosophie de l’Université McGill, elle a mené des recherches centrées sur la phénoménologie du racisme et la violence épistémique dans le contexte québécois.